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À la poursuite des Oiseaux de Trottoir
Trois jours à la poursuite de l’orchestre cyclo-itinérant des Oiseaux de Trottoir, sous le soleil et les orages des Baronnies provençales. Une épopée musicale et amicale, dans les champs d’oliviers et les couleurs de l’automne.
Texte et photos : Adélaïde de Valence
Avec le soutien de Vélorizons
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Nous sommes au pied du Mont Ventoux, au milieu des vignes, des champs d'oliviers et des derniers rayons de soleil brûlants du mois d'octobre. Au cœur des Baronnies Provençales.
Bien partis pour une épopée tranquille, ou presque. Une escapade de trois jours, au cours desquels Julien, Marine, Ronan, Adélaïde et Louison, un tout petit fanfaron de 10 mois à peine, se sont lancés à la poursuite des Oiseaux de Trottoir. Un orchestre cyclo-itinérant, aussi vibrant que fugace.
Les Oiseaux de Trottoir sont imprévisibles. Mais avec un peu de chance et d'huile de genou, nous les trouverons peut-être avant la tombée de la nuit... Vous y croyez ?
La nuit s'est abattue sur nous. D'un coup. Pouf. Et avec elle le froid. Un champ tapissé d'olives beaucoup trop mûres nous attire. Nous y plantons les tentes. Les mains collées à nos timbales brûlantes, on se jure que demain, les Oiseaux ne nous échapperons pas.
Louison est solidement harnaché. Tant mieux, parce qu'il va falloir rouler, et vite ! On nous a soufflés qu'un drôle d'orchestre jouait ce matin au marché de Buis-les-Baronnies...
Un tas de vélos. Au loin, le cri des trompettes et les rires d'une foule que l'on devine fiévreuse. On brûle, les Oiseaux ne sont pas loin, c'est sûr.
La fanfare bigarrée est là. Ils chantent Brassens et Eminem, en cuissards ou pieds nus. La petite foule compacte, bottes de carottes dans une main et panier en osier dans l'autre, reprend en cœur : "laissons le champ libre à l'oiseau"...
Et soudain, plus un bruit, plus un chat. Aurait-on déjà laissé s'échapper les Oiseaux ?
Ah non les voilà ! La sueur du concert à peine épongée, ils remontent déjà en selle. Ce soir, l'orchestre joue de nouveau, 25 kilomètres plus loin. Depuis le début de la tournée, ils ont avalé 300 bornes de bitume et donné au moins une représentation par jour. Peut-être plus, peut-être moins, ils ne savent pas vraiment.
À la création du collectif, créé pendant l'épidémie de Covid, les Oiseaux de Trottoir se comptaient sur les doigts d'une main. Aujourd'hui, ils sont une trentaine, des concertistes, des amateurs, des siffloteurs, et font cinq tournées par an. Certains se connaissent depuis toujours, d'autres depuis deux jours.
Vélos posés et tentes montées, ça y est, il faut déjà rejouer. Mais avant toute chose, vite, réchauffer à la flamme les corps transis et les instruments enroués. Ce soir, nous sommes au Jardin Singulier, à Saint-Léger-du-Ventoux. Un lieu qui grouille de grimpeurs venus du monde entier, en doudounes à patchs colorés.
"On avait faim, on avait froid. On n'a pas été le meilleur ce soir..." Quoi qu'en dise Jules, l'un des fondateurs du collectif, la foule a dansé, les corps se sont déliés et encore une fois, la joie contagieuse des Oiseaux à frappé.
Les yeux lourds et les muscles gourds, nous quittons Jules, Marius, Mathieu, Stoine et tous les autres. Et c'est avec l'orage et la pluie comme fidèles compagnons que nous filons à toute allure sur les routes de Provence.
Adieu les Baronnies ! Adieu oiseaux rieurs ! Et la prochaine tournée alors ? Aucune idée, mais le mot "Canaries" est sur toutes les lèvres. Quelque chose me dit que les Oiseaux de Trottoirs ont besoin d'un bain de soleil. Et ça tombe bien, nous aussi.
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