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La chevauchée des Grandes Alpes à vélo
De Trieste à Menton, la traversée intégrale de l’Arc Alpin représente quelques 2150 kilomètres, l’ascension d’une soixantaine de cols et plus de 54 000 mètres de dénivelé. Voici un long travelling photographique d’Est en Ouest, puis du Nord au Sud, un sacré grand voyage en montagne avec un peu plus de 80 images, de la Slovénie jusqu’à la mer Méditerranée !
Photos : Ignacio Esnaola, Pascal Gaudin, Géraldine Benestar Textes : Géraldine Benestar
Cet article a été écrit grâce au soutien de VELORIZONS
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Traversant la Slovénie, l'Italie, la Suisse et la France, cette véritable chevauchée des cols alpins est un must réalisable en 3 semaines (durée indicative, largement fonction de l’affutage des mollets !). L'itinéraire peut être enrichi, au gré des envies, par de nombreuses variantes.
Bienvenue en Slovénie dans les Alpes Juliennes, partie orientale de la grande chaîne des Alpes. Ses sommets aux faces calcaires sont très imposants, culminant à 2864 mètre avec le sommet du Triglav © Iloorraa on Pixabay
Lumière du soir sur la belle vallée de Bovec, réputée pour les sports outdoor. © Nathalie Sevillia on Unsplash
Paradis de nature, la Slovénie est parcourue par des d'incroyables rivières vert émeraude. La plus célèbre d'entre elle, la rivière Soča, concentre tous les superlatifs... La longer à vélo est l'occasion de belles baignades. © Jonathan Reichel
km 185. Vue du ciel, la route du col de Vršič est d'un esthétisme sans nom. Avec ses 1611 mètres, c'est le plus haut col routier de Slovénie. Sur ses 2 faces il totalise 50 lacets et comprend plusieurs passages à près de 13%. © Miha Rekar on unsplash
Plusieurs lacets du col de Vršič sont pavés, un solide ouvrage remontant de la première guerre mondiale qui avait été réalisé par des prisonniers russes.
km 325. La frontière italienne franchie, cap sur le massif des Dolomites ! Uniques par leur roche (la Dolomie) et leur formation, les montagnes présentent de hautes faces rocheuses particulièrement impressionnantes. Elles sont disposées en plusieurs groupo bien distincts, sillonnés par de nombreux cols routiers dépassant souvent les 2000 mètres d'altitude.
Les Dolomites permettent d'envisager de nombreuses variantes pour s'offrir des cols à la fois mythiques et esthétiques : ici la fin de la montée du Passo di Giau (2236 m), au pied de l'élégante aiguille de Ra Gusela. C'est l'une des célèbres ascensions du Tour d'Italie.
Au sommet du passo Giau, le vélo est célébré comme un roi...
Chaque ascension est l'occasion de traverser des paysages époustouflants : au fond les glaciers de la Marmolada, plus haut sommet des Dolomites à 3 342 mètres.
Descente vers la vallée de Cortina d'Ampezzo.
En roulant sous les célèbres falaises des Dolomites, on a du mal à imaginer qu'elles sont parcourues par de nombreuses via ferrata, littéralement "voies de fer", construites pour des fins stratégiques pendant la 1ère guerre mondiale.
Le Passo Sella, 2218 m, est un col très populaire chez les cyclistes. Son ascension peut être combinée avec 3 autres cols : le Passo Gardena et le Passo di Campolongo et le Passo Pordoi. La boucle de 55 km est dénommée la Sellaronda.
Les imposantes falaises du versant Sud du groupe des Fanes-Sennes se dressent telles des forteresses.
Joie et partage, au sommet de chaque col, l'émotion est là...
km 725. Début de l’ascension du fameux Stelvio, plus haut col routier d'Italie (2760 m) et 2ème plus haut col des Alpes après l'Iseran, mystifié grâce au Giro d'Italie.
Tempête de ciel bleu dans les premières épingles du Stelvio ! C'est parti pour 24 km de montée soutenue sur le versant Nord et 48 épingles. Si les premiers kilomètres avoisinent les 8%, le dernier kilomètre est scotchant avec du 12 à 14%.
Séquence cinématographique lors de l'ascension du col avec la vision des hautes montagnes et des glaciers comme le sommet de l'Ortles, un presque 4000 mètres.
Dans les Alpes, le temps change vite et les ascensions peuvent devenir encore plus éprouvantes avec les degrés qui dégringolent. Dans la liste des petits désagréments, il faut aussi compter avec le voisinage d'engins de toutes sortes, bruyants et malheureusement bien polluants...
© Vincent Vaudaux
km 739. Le Stelvio c'est un gros morceau... joie et partage au sommet !
En 1965, lors de la 20ème étape du Giro, les coureurs avaient franchi le Stelvio au mois de juin dans la neige, encadrés par de hautes murailles toutes blanches. source Wikimedia Commons
En Lombardie, après Chiavenna. Les routes partent littéralement à l'assaut des versants. De nombreux ouvrages, tunnels, paravalanches permettent de protéger les ouvrages routiers des avalanches. Pour leur sécurité, les cyclistes doivent prévoir de l'éclairage pour les traverser. ©Julien Da Costa
Bienvenue dans les Alpes suisses ! Au coeur des montagnes, la vie rurale est bien présente, avec des prairies entretenues "au cordeau". La région d'Andermatt concentre de très beaux cols, dont la fameuse boucle des 3 cols passant par le Saint Gothard, le Passo Dela Novella et le Furka pass. 105 km inoubliables !
L'arrivée au col du Saint-Gothard à 2 107 m d'altitude.
L'ancienne route du col de Saint Gothard est quasi entièrement pavée, ses courbes tracent d'élégantes formes dans le paysage. Les cyclistes retiendront davantage son surnom de tremola vecchia qui signifie "vieille tremblante".
A 2478 m, le col Passo Della Novena (ou Nufenen pass), dévoile d'incroyables panoramas sur les hauts sommets glaciaires des Alpes lépontines. C'est le second plus haut col routier de la Suisse.
Voie de passage historique entre la Vallée du Rhône et le Tessin, le col du Nufenen servait notamment au commerce du sel et des animaux. Comme tous les grands cols alpins, il reste fermé d'octobre à juin car bloqué par plusieurs mètres de neige.
Au Furka Pass (2429 m), proximité des glaciers oblige, la température est vraiment fraîche !
La montée du Furka Pass a été immortalisée en 1964 dans une scène de James Bond (Goldfinger) avec Sean Connery. A l'époque la route n'était pas asphaltée.
L'hôtel Belvédère, construit dans une épingle du Furka Pass avait ouvert en 1882. Il offrait alors une vue spectaculaire sur le glacier du Rhône, qui descendait jusque dans la vallée. Aujourd'hui, il n'est presque plus visible et a reculé d'1 km. Après avoir accueilli des hôtes de renom pendant plus de 100 ans, l'hôtel a définitivement fermé en 2005.
Le lac glaciaire de Steinsee dans la descente du Susten pass.
Les paysages bordant le Susten Pass (2224m) sont époustouflants. Dominant la route, des hautes montagnes à plus de 3500 mètres.
km 1123. L'ascension de la Grosse Scheidegg se déroule sur une petite route paisible et très sauvage. Seuls les 6 premiers kilomètres sont accessibles aux véhicules; la route est ensuite réservée aux vélos, piétons et bus postaux, offrant une expérience cycliste d'une qualité rare.
Dans les pré-Alpes suisses, près du Jaun Pass (1508 mètres), on quitte les glaciers pour retrouver une belle ambiance de moyenne montagne.
Ces lamelles de bois en cours de séchage, appelées localement "tavillons" vont servir à couvrir les toitures des imposants chalets suisses.
Entre le Jaun Pass et Saanen, l'étape est un petit paradis peu fréquenté : le ruban d'asphalte se fait étroit et louvoie entre prairies et forêt vigoureuses. C'est une image d'épinal qui défile à chaque tour de roue.
Sur les paisibles routes des Pré-Alpes suisses, on croise aussi des voyageurs à vélo et des cyclistes qui prennent le temps de se balader.
km 1282. Aux Diablerets, passé le village, la route semble filer droit sur la muraille !
Bienvenue dans les Alpes françaises dont la traversée démarre à Thonon-Les-Bains (Haute-Savoie). Ici, au pied du massif du Bargy, en pleine ascension du célèbre col de la Colombière (1613 m) juste avant d'attaquer le final. Les 3 derniers kilomètres font mal avec une pente à 9,5% qui se transforme en 10,5% dans les 800 derniers mètres...
Les esthétiques sommets tout en pointes de la chaîne des Aravis. C'est dans ces parois calcaires, qu'ont été réintroduits les premiers gypaètes barbus de France en 1987.
km 1517. 4ème col des Alpes françaises : le col des Aravis à 1486 m
km 1547. Dans le massif du Beaufortain, entre le Col des Saisies et le village d'Hauteluce. Vue parfaite et magique sur le Mont Blanc, toit de l'Europe, et les Dômes de Miage.
Dans la montée de l'Iseran, après Val d'Isère. L'Iseran est le col le plus haut de la Traversée des Alpes, à 2770 mètres, c'est aussi, depuis Bourg Saint Maurice, le col le plus long (48 km).
Immersion dans des paysages de haute montagne grandioses ! Ici l'impressionnante Tsanteleina, 3602 mètres, sommet frontière avec l'Italie.
km 1632. Dans les derniers mètres de la montée de l'Iseran. À plus de 2700 m, l'altitude se fait nettement sentir !
L'enchaînement col du Télégraphe (1566 m) et col du Galibier (2645 m) constitue une belle grande journée. Derniers tours de pédales dans les Alpes du Nord, avant de franchir la frontière géographique et géologique avec les Alpes du Sud.
Dernière rampe avant le col du Galibier. Depuis le bas de la vallée de la Maurienne, le Galibier représente plus de 30 km et 2100 mètres de dénivelés avec une moyenne à 7%...
km 1830. La montagne est exigeante et chaque col est une petite victoire sur soi-même...
Depuis le Galibier, vue fantastique sur le massif des Écrins. A plus de 4000 mètres, la Barre et le Dôme des Écrins dominent le paysage. © Vincent Gauthier
Descente vers le Lautaret.
Au col Lautaret, devant les versants couverts de glaciers qui descendent de la Meije, emblématique sommet de l'Oisans.
Passé Briançon, la montée du col de l'Izoard immerge dans les paysages des Alpes du Sud, très rocailleux et colorés. A 2 362 m, le col permet de relier le Briançonnais au Queyras. Il fait partie de la légende cycliste puisque le Tour de France l'a passé 36 fois !
Les belles courbes des derniers kilomètres du versant Nord du col de l'Izoard, lieu de légende du Tour de France.
Descente du versant Sud de l'Izoard, dans un panorama minéral de toute beauté. On franchit bientôt le célèbre Casse Déserte, célèbre cirque aux pentes décharnées hérissées de pitons rocheux colorés.
A La Casse Déserte, un arrêt s'impose ! Une stèle est érigée en mémoire de deux illustres coureurs du Tour : l'italien Fausto Coppi et le français Louison Bobet. Tous deux ont franchi plusieurs fois l'Izoard en tête dans les années 1950.
km 1940. Derniers tours de roue en pente douce avant d'atteindre le col de Vars (2109 m), après une montée d'une vingtaine de kilomètres et plus de 1100 mètres de dénivelé.
Depuis Jausiers, on peut s'offrir une variante par la célèbre cime de la Bonnette pour atteindre l'altitude maximale de la traversée : 2802 mètres.
Le col de la Bonette relie la vallée de l'Ubaye et celle de la Tinée. On peut choisir de le réaliser en aller-retour sur son versant Nord pour pouvoir se réserver ensuite le col de la Cayolle, depuis Barcelonette.
A partir du col de la Bonette situé à 2715 m, une route asphaltée fait le tour de la cime du même nom, permettant d'atteindre l'altitude de 2802 mètres, point le plus haut de la Grande Traversée des Alpes. Mais contrairement à ce qui est indiqué ce n'est pas la plus haute route d'Europe... Deux autres routes asphaltées sont plus élevées : l'une en Autriche (la Ötztaler Gletscherstraße, 2 829 mètres) et l'autre en Espagne (celle du Pico Veleta 3396 m).
L'ascension du col de la Cayolle est un enchantement... contraste des versants rocheux avec de grasses pelouses où s'ébattent les marmottes, lumières rasantes sur les mélèzes, cascades... la route est étroite et semble taillée pour les cyclistes.
km 1986
Le spectaculaire village de Roubion, situé dans la descente du col de la Couillole (1678 mètres), est littéralement suspendu au versant, au-dessus de la vallée très encaissée de la Tinée.
Si l'on souhaite fureter le long de la Grande Traversée des Alpes, il est conseillé de s'offrir l'ascension de la Lombarde, col frontière avec l'Italie situé au-dessus d'Isola 2000. 6ème plus haut col routier français à 2351 mètres d’altitude, ce joli objectif permet de traverser les paysages typiques des Alpes maritimes. Côté nord, sur les 21 kms, quelques sections frôlent les 10%.
Sur toute la Traversée des Alpes les panneaux sont criblés d'autocollants, au point de quasiment disparaître... Les grands cols sont chaque année visités par des milliers de touristes venus du monde entier.
km 2109. Ultime grand col de la traversée, le Turini à 1604 m. Avant de dégringoler vers la mer, on peut prolonger le plaisir d'être en altitude en réalisant le tour de l’Authion. Une dernière occasion de passer la barre des 2000 mètres, avec une belle boucle panoramique et très sauvage. De très belles vues sur les pré-alpes niçoises !
Sur de petites routes, la descente du col de Turini est une succession de lacets très esthétiques dans des versants où la végétation devient nettement méditerranéenne.
Ce n'est pas parce qu'on approche de la mer que le relief s’aplatit... bien au contraire, les Alpes plongent littéralement dans la Méditerranée !
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